« En septembre 2016, deux rapports institutionnels offrent deux analyses ou éclairages sur le système éducatif français. D’un côté celui du CNIRE (Conseil national de l’innovation pour la réussite éducative), plutôt positif, et de l’autre celui du CNESCO (Conseil national d’évaluation du système scolaire), assez négatif. Le raccourci est un peu facile car ces deux conseils n’ont ni la même composition, ni les mêmes missions ou attributions. Le CNIRE « vise à donner une dynamique nouvelle à la création d’une politique publique de réussite éducative » en diffusant les bonnes pratiques, alors que le CNESCO éclaire, évalue, expertise et formule des recommandations.

Le rapport que ce dernier vient de publier porte sur l’ampleur des inégalités sociales à l’école, dans lequel il pointe l’inefficacité des dispositifs de suivi individualisé, dans ou hors temps scolaire (CNESCO, 2016). Si ce constat pose question sur les choix des politiques éducatives successives, sur le « millefeuille » des dispositifs et leur peu d’efficacité, les critiques débordent assez vite vers les pratiques enseignantes et leurs effets sur la réussite du plus grand nombre, remettant en cause des pratiques qui n’induisent pas une amélioration des résultats scolaires des élèves les plus en difficulté.

Le principe de transmission descendante a rapidement posé problème dans tous les pays ayant ouvert l’École à tous les enfants, dans un mouvement de massification/démocratisation, selon un principe d’« égalité des chances ». Le nombre d’enfants à instruire, les savoirs en évolution, la recherche d’une éducation « bienveillante » et surtout la diversité sociale des élèves ont été autant d’écueils à la réalisation d’une école équitable dans l’accès aux savoirs.

Plus prosaïquement, les enseignants et les enseignantes (surtout les moins expérimenté.e.s) expriment leur désarroi face à ces classes hétérogènes à de multiples égards. Les politiques éducatives et les chercheurs se sont emparés de cette problématique dès les années 1970, aussi bien dans le monde francophone qu’anglophone. Pédagogie différenciée, différenciation pédagogique, enseignement différencié (differentiated instruction), autant de notions qui se déclinent à différents niveaux du système éducatif, entre politique éducative et stratégie d’enseignement, et qui peuvent à la fois être jugées positives pour lutter contre l’échec scolaire et contreproductives quant à leur impact sur l’accroissement des inégalités scolaires. Comment aborder la différenciation pédagogique du point de vue des pratiques en classe sans avoir une forte contrainte négative à l’esprit, celle de la discrimination négative, comme l’évoquent Crahay et Wanlin (2012) ? L’objectif n’est pas tant de différencier « en soi » que la nécessité d’accompagner au mieux les élèves dans leurs apprentissages. » (Annie Feyfant)

Pour lire la suite de ce dossier de veille de l’IFÉ intitulé « La différenciation pédagogique en classe », cliquez sur le lien suivant : 113-novembre-2016